LE SYNDROME DE L'IMPOSTEUR

Vous est t'il déjà arrivé(e) de ne pas vous attribuer le mérite d'une réussite, qu'elle soit personnelle ou professionnelle ? Avez-vous déjà affirmé que certaines situations qui vous valaient quelques moments de gloire étaient dictées par "un coup de chance" ou par un heureux hasard ? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi votre collègue qui remplit parfaitement ses fonctions n'a pas le même statut que vous alors que vous le trouvez drôlement plus performant ? Avez-vous déjà ressenti de la gène face à quelqu'un qui vous prenait comme exemple pour telle ou telle action ?

 

Et bien moi, il fût une époque où j'aurai répondu OUI à bon nombre de ces interrogations.

Et vous ?

 

Si vous avez répondu oui à une ou plusieurs de ces questions, c'est probablement qu'à un moment donné de votre vie (et c'est peut-être encore le cas aujourd'hui), à plus ou moins grande échelle, vous avez expérimenté ce syndrome de "l'imposteur"... On l'appelle aussi le "syndrome de l'autodidacte".

 

Alors, me direz-vous, de quoi s'agit t'il ?

 

Découvert dans les années 80 par 2 psychologues américaines : Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes, qui ont préféré le terme "d'expérience" plutôt que syndrome (car pour elles, tout le monde l'expérimente à un moment donné de sa vie), ce mécanisme psychologique place le sujet en état de doute permanent. Il ne s'attribue que rarement le mérite de son succès et se compare constamment aux autres, se plaçant de façon systématique en position d'infériorité.

Il manque grandement de confiance en lui et bien souvent l'estime qu'il a de lui-même est tellement peu élevée qu'il peut devenir son propre tyran. De peur d'être démasqué par son entourage, il va alors s'acharner à la tâche afin que ses résultats soient la résultante d'une quantité de travail plutôt que de par ses réelles compétences. Il pourra également jouer la procrastination par peur de l'échec.

 

Selon certaines études, 70% de la population aurait expérimenté ce syndrome au moins une fois dans sa vie.

 

Même s'il est complètement sain et naturel de douter de soi à un moment donné et que par trop d'orgueil, certains peuvent afficher une "surestime de soi", cela peut devenir problématique lorsque cela prend trop de place dans le quotidien.

 

Au travers de nos sociétés individualistes, il nous est souvent demandé de nous mettre en compétition permanente et la comparaison aux autres devient alors un réflexe conditionné, voire de survie (professionnelle ou personnelle).

Pour rentrer dans le moule et être reconnu, on nous demande d'être plus performants, plus intelligents, plus riches, plus talentueux... Déjà tout petit, à l'école, le système nous invite à être comparé à nos camarades au travers des notes et c'est à partir de cette période de compétition qu'on nous inculque la peur de l'échec et du jugement.

 

"Je me souviens de ma période de lycée et de cette professeure qui passait son temps à hurler, ce qui ne me donnait que peu d'envie d'être une élève assidue dans ses cours. Avec des résultats corrects dans bon nombre matières, je n'obtenais que de mauvaises notes (sans parler des appréciations) à chacun de ses contrôles, alors qu'il s'agissait de la matière principale. En effet, elle m'avait prise en grippe et cela dura pendant 2 années. Elle passait son temps à me comparer aux autres, à me dire que je n'aurais pas mon diplôme et que je n'arriverais à rien dans la vie...

 

J'ai alors commencé à douter de moi et de mes capacités, pensant que les autres travaillaient mieux que moi, étaient plus doués...

Quelle ne fût pas ma surprise à la lecture des résultats lié à la satisfaction d'aller lui présenter ce joli imprimé blanc, doté d'une mention (avec 14 de moyenne dans sa matière), c'était presque jubilatoire...

 

J'aurai tellement aimé revoir cette professeure quelques années plus tard, pour lui parler de mon parcours professionnel et de ce que j'avais pu accomplir bien que, j'eus pris la décision de quitter le milieu scolaire à mes 18 ans pour travailler en tant commerciale dans une société de papeterie et fournitures de bureau.

 

J'ai ensuite évolué dans un milieu professionnel typiquement masculin (avais-je quelque chose à me prouver ?), entourée d'autres commerciaux aux dents longues et en tant que femme au milieu de cette assurance masculine innée, je me devais d'être à la hauteur et je travaillais d'arrache-pied, avec ce besoin de reconnaissance permanent qui me servait de moteur et qui me rassurait. De plus en plus perfectionniste, je travaillais jusqu'à très tard le soir, considérant que c'était le seul moyen qui me permettrait d'atteindre mes objectifs dans ce monde de dualité, au sein d'un milieu souvent misogyne,  dans un but de légitimité. 

 

Je n'avais en aucun cas, pris conscience de mes réelles capacités à convaincre les clients et j'attribuais mes résultats étaient liés à des "coups de chance" ou au fait que je me retrouvais au bon endroit, au bon moment...  J'étais pleinement cet "imposteur" qui pensait que les compliments reçus étaient juste un moyen de me rassurer dans le but de me contraindre à de nouvelles exigences où je ne serais peut-être pas à la hauteur... Les doutes et l'auto-critique permanente étaient révélateurs de ce cercle vicieux dans lequel j'évoluais.

 

Le parcours qui a suivi dans le monde de l'entreprise a fait de moi une parfaite autodidacte en constante évolution et j'ai mis de nombreuses années à prendre conscience que mon succès était légitime et mérité malgré un cursus scolaire assez limité."

 

S'il existe de plus en plus d'autodidactes aujourd'hui, tout âges et toutes classes confondues, c'est parce-que les moyens technologiques mis à notre disposition nous permettent d'accéder à un nombre infini de ressources, nous permettant d'accroître nos connaissances dans de nombreux domaines.

 

Vous faites peut-être partie de ceux et celles qui font la course aux certifications afin de pouvoir arborer fièrement votre parcours sur les réseaux sociaux ou votre site internet ? Rassurez-vous, j'ai également eu besoin de cela pour me sentir légitime, notamment lorsque j'ai commencé l'entrepreneuriat, persuadée que l'absence de certifications aurait pu me fragiliser.

 

Dans le cadre de mon activité de sophrologue, cette notion de légitimité me paraissait essentielle et la formation était un élément gageure de professionnalise et de crédibilité, ce qui s'est révélé exact dans le cadre de mes accompagnements où cette formation m'a permise de me sentir pleinement ancrée dans mes capacités. 

 

Cependant, dans mes autres pratiques, le seul outil dont je devais disposer était simplement celui de ma relation à l'autre ! La transformation et les témoignages des personnes que j'accompagnais était bien plus valorisante qu'un simple bout de papier.

Comment reconnaître les SYMPTÔMES ?

- Manque d'estime de soi

- Manque de confiance en soi

- Dévalorisation excessive

- Sentiment d'infériorité

- Besoin d'un appui extérieur pour valoriser son succès

- Perfectionnisme extrême

- Surinvestissement ou au contraire sous investissement

- Peurs faces à l'échec

- Doutes systématiques sur son travail ou ses actions

- Difficultés à reconnaître ses valeurs

- Ruminations en boucle

- Auto-sabotage

- Sentiment d'illégitimité

- Sur-estimation de la compétence et des valeurs des autres

- Impression de ne pas mériter "sa place"

- Impression de duper son entourage professionnel ou personnel

- Peur d'être démasqué(e)...

C'est grave docteur ?

Soyez rassuré(e) ! Ce syndrome n'est ni une maladie, ni une pathologie.

Chacun peut tenter de s'en sortir lui-même sauf dans le cas de troubles anxieux qui génèrent alors des situations invivables au quotidien, conduisant possiblement au Burn-Out.

 

Dans ce cadre, il est préférable d'être accompagné(e) par un thérapeute spécialisé dans l'estime et la confiance en soi, ce qui impliquera un travail sur vos réussites passées afin de mettre en lumière vos qualités et vos talents.

 

Un travail en psychothérapie peut être également indiqué dans le cas de troubles plus sévères.

 

Quels sont les moyens pour S'en sortir ?

En tout premier lieu, je dirai qu'il faut éviter de se comparer aux autres car malgré nos doutes, nous serons toujours le "super-héros" de quelqu'un !

Tenter d'alléger le perfectionnisme à l’extrême (et je sais de quoi je parle) sans pour autant vouloir le contrer car il est bien connu qu'au plus on refoule un sentiment, au plus il se fait grandissant.

Faire le bilan de nos réussites passées

Poser un regard bienveillant sur soi-même

Accepter les compliments et avoir de la gratitude pour cela

S’entraîner à se parler positivement chaque jour, en s'aidant d'un miroir et en se félicitant de chacun de ses accomplissements personnels 

TEST DE L'Echelle de Clance du Phénomène de l’Imposteur

Pour chaque question, entourer le nombre qui indique le mieux à quel point la phrase est vraie pour vous. Il vaut mieux donner la première réponse qui vous passe par la tête et ne pas trop réfléchir à chaque phrase.

 

1. J’ai souvent réussi à un test ou à accomplir une tâche alors que j’avais peur de ne pas y arriver avant de commencer.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

2. Je peux donner l’impression d’être plus compétent(e) que je ne le suis vraiment.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

3. J’évite les évaluations quand c’est possible et je suis terrifié(e) que les autres m’évaluent.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

4. Quand des gens me félicitent pour quelque chose que j’ai accompli, j’ai peur de ne pas être capable d’être à la hauteur de leurs attentes dans le futur.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

5. Je pense parfois que j’ai obtenu ma position actuelle ou mon succès actuel parce que j’étais au bon endroit au bon moment ou parce que je connais les bonnes personnes.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

6. J’ai peur que les gens qui comptent pour moi découvrent que je ne suis pas aussi capable qu’ils le pensent.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

7. J’ai tendance à mieux me souvenir des fois où je n’ai pas fait de mon mieux que des fois où j’ai fait de mon mieux.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

8. Je réussis rarement à réaliser un projet ou une tâche aussi bien que je le souhaiterais.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

9. Parfois j’ai l’impression ou la certitude que mes succès personnels ou professionnels sont le résultat d’une sorte d’erreur.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

10. C’est difficile pour moi d’accepter les compliments ou éloges sur mon intelligence ou mes accomplissements.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

11. Parfois, je pense que mon succès est dû à une sorte de chance.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

12. Je suis parfois déçu(e) de mes accomplissements actuels et je pense que j’aurais dû accomplir beaucoup plus.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

13. Parfois j’ai peur que les autres découvrent à quel point certains savoirs ou compétences me font défaut.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

14. J’ai souvent peur d’échouer face à une nouvelle demande alors qu’en général je réussis bien ce que j’entreprends.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

15. Quand j’ai réussi quelque chose et reçu de la reconnaissance pour cet accomplissement, je doute d’être capable de répéter ce succès.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

16. Si je reçois beaucoup d’éloges et de reconnaissance pour quelque chose que j’ai accompli, j’ai tendance à minimiser l’importance de ce que j’ai fait.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

17. Je compare souvent mes capacités à celles de mon entourage et je pense qu’ils pourraient être plus intelligents que moi.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

18. Je m’inquiète souvent de ne pas réussir un projet ou un examen alors que mon entourage à confiance dans l’idée que je vais y arriver.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

19. Si je suis sur le point de recevoir une promotion ou une forme de reconnaissance, j’hésite à le dire aux autres avant que ce soit un fait accompli. 1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

20. Je me sens mal et découragé(e) si je ne suis pas « le/la meilleur(e) » ou au moins « très spécial(e) » dans les situations qui impliquent la réussite.

1-Pas du tout vrai 2-Rarement 3-Parfois 4-Souvent 5-Très vrai

 

Résultats du Test de l’Imposteur 

Le Test de l’Imposteur a été développé pour aider les personnes à déterminer si elles ont ou non des caractéristiques du Phénomène de l’Imposteur et, si c’est le cas, à quel point elles en souffrent.

 

Après avoir passé le Test de l’Imposteur, additionner les nombres correspondant aux réponses à chaque question.

 

Si le total est de 40 ou moins, le sujet a peu de caractéristiques de l’Imposteur

Si le résultat est entre 41 et 60, le sujet a une expérience modérée du phénomène de l’imposteur

Un score entre 61 et 80 signifie que le sujet a des sentiment d’imposteur 

Un score supérieur à 80 signifie que le sujet a souvent d’intenses expériences du phénomène de l’Imposteur.

 

Plus le score est élevé, plus le Phénomène de l’imposteur interfère fréquemment et lourdement dans la vie d’une personne. 

 

Tiré de The Impostor Phenomenon: When Success Makes You Feel Like A Fake, p20-22, P.R. Clance, 185 Toronto, Bantham Books. Coyright 1985 Pauline Rose Clance, PhD, ABPP. Traduction française par Ars Maëlle du document disponible en ligne sur le site de l’auteur http://paulineroseclance.com/pdf/IPTestandscoring.pdf

 

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